En tant qu’étrangère, à Ikea (par Anda)

Publié le par bim.dijon.over-blog.com

Je me suis imaginé à plusieurs reprises cette posture d’écrivain, parce que c’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire, j’ai eu toujours une espèce de curiosité relative à l’acte d’écriture. Mais je n’ai jamais essayé. Et le plus bizarre c’est que j’ai eu l’occasion et le courage de le faire ici, en France, parce que oui, je suis une étrangère. Je me fais rapidement une idée, une opinion lorsque je fais la connaissance de quelqu’un. Il y a quelque chose qui fait qu’on pense telle ou telle chose de quelqu’un ou de je-ne-sais-quoi. Mais si l’inconnu ne me donne pas l’occasion de le découvrir, je dois me contenter de cela: d’imaginer ce qu’il pourrait être. Bien évidemment, je peux me tromper, je ne peux pas être sûre que l’identité que je donne à telle ou telle personne soit ce qui la représente. J’imagine seulement. Je fais des suppositions. Imaginez-vous donc tous les sentiments de regret qui s’emparent de moi quand je vois toute une masse de gens mais, que je ne peux, en effet, aborder personne. C’est justement ça qui m’est arrivé aujourd’hui à Ikea.     


Dès que j’y suis entrée, je me suis dit: voilà Anda, un lieu qui fait rêver! Un lieu parfait dirais-je pour un rendez-vous, pour les enfants, pour les adultes, pour manger, se promener, acheter, rêver. Je me sens ici, en même temps, adulte et enfant.  


Mais ce qui m’intéresse le plus c’est d’observer tous ces gens, avec leurs histoires personnelles, qui entrent là-bas pour en ajouter encore. Parce que c’est comme ça que j’imagine Ikea: un amalgame d’histoires. Combien j’aimerais savoir un peu plus de ce qui m’entoure, un peu plus de ces gens-là qui, apparemment, sans motif aucun, suscitent ma curiosité. Qui sont-ils ? Qu’est-ce qu’ils veulent, qu’est-ce qu’ils pensent, qu’est-ce qu’ils cachent ? Mais il faut se limiter au simple acte d’écriture. J’essaie de lire parmi leurs gestes quelque chose qui pourrait m’aider un peu à déchiffrer leurs pensées. Je vois, j’imagine, je recrée la réalité d’une certaine façon. Je voudrais savoir plus d’eux, leur poser des questions, découvrir d’autres réalités, différentes de la mienne. Il y a toujours quelque chose qui nous trahit, un geste, un regard, un mot. Tout ça peut être suffisant pour qu’on puisse voir derrière l’emballage. Mais malchance! Je n’ai pas accès libre à leurs pensées comme j’ai eu à Ikea. J’ai quand même surpris toute une palette de visages: surpris, curieux, amusés, et même préoccupés. Et parfois, quelques dires: «viens voir ça», «ça n’a pas d’étagère, je ne l’aime pas », «reste tranquille, tu n’es pas seul dans le magasin!». Voilà pourquoi je préfère quelquefois la fiction. Parce que la réalité établit des barrières, en échange, la fiction peut tout.      


J’ai visité aujourd’hui toutes les maisons, toutes les chambres des jeunes gens, des adolescents, toutes les cuisines, tous les lieux qu’aiment les enfants. Je suis partout aujourd’hui. Mais je n’ai rien pris avec moi, j’ai simplement vécu ma première expérience en tant qu’écrivain et j’ai fait ma première promenade en tant qu’étrangère. Et aussi, pour la première fois, j’ai un deuxième nom, et une deuxième identité: c’est la Brigade!

Publié dans texte en sortie

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O
<br /> <br /> Une belle surprise! Mes felicitations pour cette initiative! Ainsi tu as la possibilite de perfectioner ton francais et de rever un peu :) Bisous, Anda<br /> <br /> <br /> <br />
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K
<br /> <br /> Quel beau Français. De belles phrases qui agréablement nous prennent la main à travers ce petit récit. Well done!<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Je crois que je me serais aussi senti étranger parmi tous ces gens ...<br /> <br /> <br /> <br />
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O
<br /> <br /> Bonne chance, petite écrivaine1<br /> <br /> <br /> <br />
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