Un ange veille... (par Silvia)

Un éclair bouleverse l’infini en même temps qu’un tonnerre continu et montant comme un crescendo annonce la vengeance du ciel…

- Je suis un papillon venu de tes souvenirs, un ange baladeur de la nuit descendu pour te veiller, mon enfant, quand tout est dominé par les fantasmes qui apportent des nuages combles de pluie…

Marie se leva escagassée et regarda autour d’elle. Qui a dit ces palabres ? Elle tressaillit en apercevant une silhouette mobile devant la fenêtre.

-Ne t’inquiète pas, dit l’étranger à mi-voix.

Il, ou même elle, était vêtu d’une sorte de chemise longue et nu-pieds. Marie ne distinguait point son visage à cause de la lumière des éclairs qui venait de derrière. Elle cligna des yeux, regarda de nouveau la fenêtre et vit que la silhouette était encore là.

-As-tu peur,Marie ? Je suis Jules.

Maire sentit qu’elle voulait fermer les yeux pour la deuxième fois.

-Jules? Ton nom ne m’aide pas à savoir qui tu es. 

L’orage semblait se transformer, mais se changeant  en ouragan… Le vent soufflait comme la voix de la mort en se perdant entre le feuillage.

-Tu n’es jamais venu ici ? demanda Marie. J’ai toujours peur des orages…

Il hocha la tête.

-Oh, nous sommes partout, Marie !

-Est-ce que vous êtes plusieurs ?

Il approuva en riant. C’était une variante, n’est-ce pas ? Mais Marie s’était ennuyée à déchiffrer des énigmes donc elle lui dit:

-Tu sais, dans le monde il y a des milliards d’hommes. Même la Terre a des milliards d’années. Crois-tu que mon proche départ soit important pour quelqu’un ? dit la fille avec tristesse.

-Marie, les hommes viennent et partent. En peu d’instants, même quand tu zappes les programmes, Dieu retrousse les manches de son manteau et quelques bébés sont mis au monde. Juste au même moment, d’autres hommes partent. Je serai avec toi chaque jour jusqu’à ce que…

Il s’arrêta. Marie sentit une chaleur passagère. Elle craignait la solitude et le brouhaha de la pluie. Pas autre chose, pas la mort… Jules lui avait déjà parlé de Dieu, d’Adam ou d’Eve, de la nature ou des hommes, de tout, quand il vit que Marie s’était endormie. Il sourit.

-Je suis un papillon venu de tes souvenirs, un ange de la nuit descendu pour veiller ton sommeil doux, mon enfant…

Marie se réveilla brusquement. Sa mère la regardait en franchissant le seuil de la porte.

- Maman, crois-tu que les anges existent ?

-Pourquoi me demandes-tu cela ? Qu’est-ce qui t’est arrivé ?

-Rien, rien…